05 octobre 2007

Un monde actuel ((v.d))

















Il s’avance comme un monceau de chair morte. Résigné à lever la main – à certainement serrer le cou qui s’offrira à lui. Il sait qu’aujourd’hui il pourra tuer sans la moindre palpitation, sans aucun échauffement du système nerveux.

Il est l’équarrisseur d’un bétail humain dont il ne comprend plus les beuglements.
Entièrement vide la mécanique froide de la violence prend possession de lui. Son corps irréversiblement lancé vers sa fin, il avance. Et d’autres corps qu’il croise s’écartent de lui avec l’évidence entière de leur mort.

N’entravez pas sa marche de pèlerin noir prêchant le silence. Car sa seule expression sera aveugle et votre conséquence invisible car effectivement vous ne vivrez plus. Vous l’aurez seulement laissé semblable, étant venu nourrir l’intérieur de ses atomes. Vous serez devenu connivence à sa force nucléaire, particule de destruction servile.
Un désir sans doute pourtant le porte : celui d’embrasser l’humanité entière pour en restituer des cendres et mettre fin ainsi à son errance. Il est la créature engendrée par nos songes et s’étant constituée malgré nous, étant venue à la vie en nous et s’étant nourrie de tout ce que l’on ne voulait plus voir.
A ingurgiter la plupart de nos morts, le parasite était devenu plus humain que nous dans son apparence, et plus fort, quoiqu’un peu plus pâle. Sa froide présence nous transperçait parfois pour désigner la cible de nos futurs carnages. Jusqu’à se dissocier et posséder sa vie propre.
La créature est désormais vivante et veut prendre possession de ceux qui l’ont créée. Le monstre engendré par nos songes avance comme s’il ne devait jamais s’arrêter.
Nos réticences viennent du fait que nous ne pouvons le voir et que nous n’avons pas peur. Et les consciences mortes sont des proies faciles.
Nous avançons comme un monceau de chairs semi-vivantes car conscientes de leur mort, sur un appareil rond, bleu mais sur lequel gagne le gris, et nous serrons très fort nos deux hémisphères de peur qu’ils se déchirent et nous n’avons pas tort car apparaît la créature… Elle avance mais nous n’avons plus la force contenue auparavant dans l’unité de la sphère. Il est alors trop tard pour avoir peur.

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